Le numérique doit cesser d’être raciste

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En tant qu’utilisateur africain d’outils numériques, on rencontre souvent de nombreuses galères. Parfois, on rencontre d’énormes difficultés à souscrire à des services numériques pour la seule et unique raison qu’on réside en Afrique. Comme si l’Afrique était un no man’s land pour ces firmes technologiques. Clairement, en tant qu’utilisateur du numérique, toutes les barrières sont mises pour nous empêcher d’utiliser des services numériques de façon qualitative. Et les exemples sont légions. Qu’il s’agisse des intelligences artificielles, des algorithmes ou encore des applications, il y a une différence de traitement vis-à-vis des Africains qui est déplorable.

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La technologie n’est ni neutre ni objective. Elle est fondamentalement façonnée par les inégalités raciales, ethniques, de genre et autres qui prévalent dans la société, et aggrave généralement ces inégalités

Tendayi Achiume, Rapporteure spéciale sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et d’autres formes d’intolérance

Les raisons qui expliquent la présence du racisme dans la tech sont multiples. Tout part de la conception des solutions numériques et technologiques. Elle est assurée par des développeurs et des experts, parmi lesquels on a du mal à retrouver des africains ou des personnes noires plus généralement. Seuls les postes dérisoires ou ayant peu d’impact sur la conception des applications reviennent aux Africains. Le problème est que ces applications sont conçues pour être utilisées exclusivement par une population occidentale. La conséquence est qu’en tant qu’Africains, nous sommes privés de l’usage de ces services, soit du fait qu’ils soient inadaptés, soit parce qu’ils n’intègrent pas nos réalités. On en a pour preuve les services numériques comme PayPal, Spotify for Podcasters… qui limitent certaines de leurs offres aux pays d’Afrique. A défaut d’être exclus complètement de la liste des pays pouvant accéder auxdites applications, les utilisateurs africains n’arrivent pas à remplir les exigences demandées par certaines applications pour souscrire à leurs services. Ce qui constitue un véritable frein pour la réalisation de bon nombre de projets et d’initiatives, dont l’impact social et numérique aurait pu être très important en Afrique.

On ne cesse de répéter que le digital et le numérique sont l’avenir du continent africain. C’est plus qu’évident que la restriction de l’accès aux services numériques offerts aux Africains freinent la croissance numérique. Les raisons évoquées par ces entreprises technologiques pour réduire l’accès de leurs services ne sont pas des barrières infranchissables. Il faut d’ailleurs que ces entreprises s’engagent davantage pour accompagner la croissance numérique sur le continent. Elles doivent le faire en ouvrant l’accessibilité de leurs services aux Africains. Leur rôle peut être aussi d’encourager les Etats africains à s’engager résolument dans la mise en place d’un cadre favorable au développement des infrastructures nécessaires. Et ainsi, elles pourront définitivement faire taire dans l’esprit des Africains l’idée selon laquelle le numérique les discrimine et se rend coupable de racisme. Même si on est en droit de se demander si le destin numérique de l’Afrique n’est pas entre ses mains.

Foumilayo ASSANVI

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