On a beau rejeter la faute du retard de l’éclosion de solutions numériques en Afrique sur les firmes européennes. On a même beau crier au racisme et à la discrimination de ne pas pouvoir utiliser des solutions numériques pour lesquelles nous avons de l’intérêt. Mais, il y a une chose qui est certaine : l’Afrique ne doit son destin numérique qu’à elle-même.
Il faut dire qu’à la différence des autres continents sur lesquels on retrouve des grandes firmes tech, l’Afrique est dépourvue de références à ce niveau. En Amérique, on pensera à IBM, Google, Apple ou encore Amazon. En Europe, on peut citer SAP ou Vodafone. L’Asie, quant à elle, a Alibaba, Tencent, Huawei, Haier, TikTok. Mais l’Afrique a qui ? Vous vous dites certainement Dangote. Mais, Dangote est plutôt une firme qui intervient dans l’industrie. Ce n’est pas vraiment de la tech. On se rend compte qu’en matière technologique et numérique, l’Afrique se mue en consommateur de solutions produites sur d’autres continents. On ne peut pas vouloir utiliser des solutions tech développées sur d’autres continents et réclamer indéfiniment que celles-ci s’adaptent à nos réalités et à nos besoins.
Il faut que l’Afrique crée et développe ses propres solutions tech, en tenant compte des besoins numériques propres à sa population. Pour ce faire, il y a un véritable travail de performance. Les solutions venant du continent doivent véritablement répondre aux spécificités du continent et permettre aux utilisateurs de s’identifier profondément à elles. Il faut penser ici à l’intégration des langues locales dans le numérique et à la place qu’elle occupent dans les solutions made in Africa. C’est aussi le cas des questions de connectivité. L’accès à la connexion internet doit également être pris en compte dans la conception de ces solutions. Ceci tout en améliorant la couverture générale d’internet sur le continent et son accès à des coûts raisonnables.
Il y a énormément de chantiers numériques et technologiques à entamer sur le continent. Et le comble est que de nombreuses entreprises basées hors du continent identifient ces problèmes et décident de les solutionner en proposant des services. Pendant ce temps, il y a très peu d’encouragement pour accompagner et développer des solutions portées par des Africains. Ils se heurtent aux difficultés légales et institutionnelles, qui présentent de nombreuses lacunes et qui ne leur permettent pas d’explorer certains domaines. Le manque de financement pour les accompagner dans l’accélération de ces solutions et leur passage à l’échelle est l’un des enjeux sur lesquels il faut se concentrer.
Le destin de l’Afrique sur les questions numériques est assurément entre ses mains. Entre choisir d’être un éternel consommateur de solutions importées et choisir d’accompagner et de soutenir le développement de solutions by Africa for Africa and the world, il faut opérer un choix. C’est ce choix qui expliquera l’apparition dans les prochaines années d’un Google, d’un Amazon ou d’un Huawei africain.
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